13

Fairbank fut le premier à se glisser à travers la brèche qui menait directement à l’étage du magasin. Des amas de débris, mélange de pierres, de béton pulvérisé et de bris de verre avaient dangereusement recouvert, presque complètement, les vastes vitrines et les portes à tambour, mais les trois hommes, indifférents au danger, avaient grimpé jusqu’à la brèche sombre. Fairbank était trop impatient de goûter à nouveau les délicieuses confiseries qui leur étaient refusées dans l’abri où les rations étaient abondantes mais insipides, trop impatient de changer de chemise et de sous-vêtements, pour être découragé par les conseils de prudence de ses deux compagnons. Certes, la perspective était séduisante après les semaines d’austère confinement qu’ils venaient de passer.

Culver les prévint, cependant, que tout avait pu être contaminé et que les vêtements, tout comme le reste, risquaient d’avoir été abîmés dans l’incendie.

— Nous n’avons qu’un moyen de le savoir, Culver, avait répliqué l’ingénieur, un sourire narquois au bord des lèvres.

Le premier choc émotionnel semblait surmonté pour l’instant. Culver le soupçonnait soit d’être complètement insensible, soit d’avoir l’âme d’un survivant, sa résistance étant sans doute une qualité majeure en de telles circonstances. Il avait suivi l’ombre fuyante de Fairbank.

Au sommet, Culver se tourna vers McEwen.

— On va avoir besoin du compteur Geiger ici, il se peut que l’endroit soit complètement irradié.

Avec une légère réticence, l’officier du ROC gravit la pente. Ils regardèrent Fairbank se laisser glisser sur l’autre flanc beaucoup plus escarpé, tout en braquant leurs torches pour le guider.

Il s’arrêta tout en bas, promenant sa lampe alentour.

— Bon Dieu, quelle puanteur !

— Ça sent d’ici, fit Culver avant de se faufiler dans le trou.

McEwen les suivit aussitôt et tous trois se tapirent, dans un nuage de poussière, scrutant l’obscurité, le faisceau de leurs lampes pénétrant dans les recoins les plus sombres.

— Le plafond s’est effondré de l’autre côté, observa McEwen.

— En dehors de cela, tout semble normal, fit Fairbank qui ajouta d’un ton plus léger : Hé, vous voyez ce que je vois ?

Il braquait sa torche sur des petits papiers de toutes les couleurs. Il se retrouva au rayon des bonbons avant même que les autres n’aient eu le temps de se relever.

— Ne les bouffez pas tous, Bunter, vous allez vous rendre malade, lui conseilla Culver, ne pouvant s’empêcher de sourire.

— Crunch, Walnut Whips, Fruit and Nut, mon Dieu, je crois que je suis mort et me voilà au paradis.

Ils l’entendirent glousser et se mirent eux aussi à rire.

— Bournville Plain, Dairy Milk, Pacers, Glacier Min...

Il s’interrompit. Culver et McEwen l’avaient rejoint ; eux aussi examinaient l’étal de petits papiers aux couleurs vives, à peine dissimulés sous une fine couche de poussière. Ils découvrirent vite ce qui avait mis un terme à son exaltation.

— Quelqu’un d’autre s’est servi, fit remarquer McEwen.

— Quelqu’un d’autre ou quelque chose, fit Culver, ramassant un papier défait.

La vision de créatures au pelage noir, se frayant un chemin, en reniflant, au milieu des tablettes de chocolat et des bonbons, lui fit froid dans le dos.

— Des rats ? s’exclama Fairbank, les yeux écarquillés.

— Peut-être, fit Culver, dégageant le rabat du holster.

— Ils auraient fait plus de dégâts et fichu la pagaille partout, dit McEwen.

— Il a raison, renchérit Fairbank, pourtant encore nerveux. Prenons-en le plus possible et sortons.

— Je croyais que vous vouliez une nouvelle chemise ?

— Je peux vivre sans, fit-il en bourrant les poches de sa combinaison de tablettes de chocolat.

— Attendez une minute, s’écria Culver, retenant la main de Fairbank à mi-chemin entre le présentoir et la poche de son pantalon. Si ce n’est pas la vermine, c’est peut-être autre chose de plus grave.

— Des gens ?

Culver orienta sa torche le long des allées jonchées de détritus. L’intérieur du magasin s’étendait sur une longue profondeur, s’ouvrant en L au milieu. Nulle lumière ne filtrait à travers le plafond effondré, à l’autre extrémité, vers la gauche. L’odeur qui les avait assaillis ne leur était devenue que trop familière depuis environ une heure et Culver n’avait vraiment pas envie de poursuivre son investigation. Malheureusement, sa conscience lui dictait le contraire. Sans doute une curiosité morbide s’y ajoutait-elle.

Le bruit de ses pas résonnait bizarrement fort dans le magasin, maintenant transformé en une vaste caverne.

Fairbank, haussant les épaules, le suivit, saisissant au passage des confiseries sur le présentoir et les fourrant dans ses poches déjà pleines. Il remarqua des étagères contenant des sacs à main, des fourre-tout et, encore mieux, des valises. Au retour, il en prendrait une.

McEwen trouva inacceptable l’idée de se retrouver seul dans l’antre sombre du consommateur et rejoignit promptement les deux autres.

Culver en tête, ils se dirigèrent vers le coin où le magasin s’élargissait. Ils aperçurent le rayon de matériel électrique, des câbles isolés, gainés de plastique, séparés de leurs bobines comme du fil de coton surdimensionné, des prises, des interrupteurs et des ampoules, le tout en vrac, comme balayé des étalages par des mains en colère. Un peu plus loin, le rayon des disques et de la hi-fi donnait l’impression que le choix n’avait pas été apprécié : des feuilles d’album jonchaient le sol, des équipements stéréo étaient épars. Des corps, certains bougeant encore, se balançaient mollement au milieu de la confusion générale.

Des doigts humides, désincarnés par l’obscurité, s’enroulèrent autour du poignet de Culver.

Il recula instinctivement, les autres intentionnellement car ils avaient vu la silhouette hideuse juste avant qu’elle ne le touchât.

Culver dégagea son bras et, titubant, recula contre un comptoir proche, mais la silhouette le suivit, en équilibre instable ; des mains, ressemblant à des serres, s’agrippèrent aux vêtements de Culver. L’homme tomba à genoux ; il se retint en s’appuyant faiblement au blouson de cuir du pilote pour ne pas s’écrouler totalement.

— Aidez... nous..., fit-il d’une mince voix de crécelle.

Culver fixa ce visage émacié aux grands yeux écarquillés de camp de la mort, les lèvres fissurées, pleines de sang séché, les gencives à l’air et les dents noires cariées. Quelques touffes de cheveux éparses étaient collées au crâne. La peau était parsemée de plaies récentes et une mince traînée de sang séché dégoulinait des oreilles. La frayeur ne laissait guère de place à la pitié chez Culver.

L’homme grogna, bien que cela ressemblât davantage à un coassement sorti d’une gorge brûlée. Il paraissait se dessécher sous leurs yeux.

Surmontant sa répulsion, Culver rattrapa la silhouette qui s’effondrait et gentiment l’allongea au sol. De ses vêtements, déchirés et dépenaillés, se dégageait une odeur d’excréments.

— Je vous en prie... (La voix était plus faible, cette fois, comme si l’effort de saisir le poignet de Culver lui avait ôté le peu de force qui lui restait.) Aidez... nous.

— Combien reste-t-il de vivants ici ? dit Culver, les lèvres proches de l’oreille de l’agonisant.

— Je... ne... sais... (Sa tête dodelina.) Je... ne...

— Il est irradié, fit Culver inutilement, levant les yeux vers ses deux compagnons. Il n’en a plus pour longtemps. Essayez le compteur Geiger, vérifiez où ça en est.

McEwen alluma l’appareil. Ils sursautèrent quand l’amplificateur émit plusieurs déclics, puis des ronflements. L’aiguille remua sauvagement avant de se fixer juste au-dessous du quart du cadran.

— Trop de rems, s’empressa de leur dire McEwen. C’est dangereux, il nous faut déguerpir sur-le-champ.

— Je file, dit Fairbank en faisant demi-tour.

— Attendez ! l’interrompit Culver. Jetez un coup d’œil aux autres. Voyez si on peut en sauver quelques-uns.

— Vous plaisantez, je suppose. Oh, merde, regardez...

Ils suivirent le regard de Fairbank et virent des formes sortir de l’ombre, la plupart en rampant ; certaines penchées et courbées, titubant comme des vieux, émettaient un gémissement plus effrayant que pitoyable. Dans cet instant de peur abjecte, il était difficile de considérer ces silhouettes traînantes et vacillantes comme des êtres humains, des malheureux qui n’avaient pas eu le temps de se mettre à l’abri du désastre et de ses séquelles induisant la maladie. Aux yeux des trois survivants, ils avaient l’air de lépreux fuyant leur colonie, de démons bossus surgissant d’une terre profane, de morts vivants tendant les bras pour étreindre les humains...

C’était trop pour Fairbank et McEwen. Ils firent demi-tour.

Les visages ravagés, entièrement à découvert sous les feux conjugués des torches, quémandaient la pitié, la compassion, le soulagement de leur souffrance.

— Culver, ils sont trop nombreux. Nous ne pouvons tous les aider ! s’écria Fairbank d’une voix tremblante et suppliante.

— Nous ne pouvons rester ici, ajouta McEwen de plus loin. Le comptage des radiations est trop élevé ! Si nous ne partons pas maintenant, nous finirons comme ces gens !

Une silhouette féminine, trouvant quelques restes de force, s’approcha d’un pas titubant et s’agrippa à Fairbank.

— ... Détaaachééééles... implora-t-elle.

Instinctivement il la repoussa et elle tomba par terre, en laissant échapper un faible cri. Fairbank s’avança vers elle comme s’il regrettait aussitôt son geste, une main tendue. Les gémissements des autres le firent changer d’avis.

— Inutile, Culver, fit-il d’un ton las. Nous ne pouvons les aider. Ils sont trop nombreux.

Il fit demi-tour et se mit à courir en trébuchant vers l’entrée du magasin ; des tablettes de chocolat et des bonbons tombèrent de ses poches pleines à craquer.

Une main écorcha la joue de Culver. Il tressaillit, mais ne s’éloigna pas de l’homme fébrile près duquel il était accroupi.

— Ne... nous... abandonnez... pas..., murmura-t-il.

Culver ôta les mains brûlantes qui tremblaient de son visage et les prit dans les siennes.

— Nous ne pouvons rien pour vous maintenant, lui dit-il, ajoutant faiblement : Nous avons un médecin parmi nous. Si elle accepte, nous la ramènerons ; peut-être pourra-t-elle faire quelque chose pour vous.

L’homme resserra son emprise.

— Non... non... vous... ne... pouvez pas...

Son autre main, vacillante mais déterminée, s’agrippa au col de Culver.

Un autre poids s’abattit sur les épaules du pilote.

Culver s’effondra sur le côté, l’autre tomba sur lui, celui du dessous le tira, refusant de le laisser partir. Au cours de la lutte, Culver poussa un gémissement de douleur aigu, strident ; d’un coup d’épaule, il se débarrassa de ce fardeau, saisit l’autre homme par les poignets et détacha lentement la main agrippée à sa veste. L’autre main, toujours accrochée à la sienne, fut moins facile à écarter ; dans un instant de folie, Culver envisagea de se servir de son revolver. Cela aurait été, pour lui, la libération instantanée et pour la victime des radiations, un soulagement immédiat. Mais il n’avait pas en lui la force nécessaire pour un tel acte. Pas encore.

Il serra le poignet de l’individu sans pitié et les doigts, semblables à des griffes, peu à peu s’ouvrirent. Culver se libéra et se mit debout, trébuchant presque sur une silhouette qui s’était approchée par-derrière en rampant. Il évita la main avide.

— Je suis désolé ! hurla-t-il avant de s’enfuir en courant d’un pas titubant vers les autres, ne pensant qu’à échapper à ces limbes ténébreuses entre la vie et la mort, loin de ces pauvres hères dont le seul espoir était de mourir au plus vite.

Il perçut leurs cris de détresse et il lui sembla entendre des pas derrière lui, mais ce n’est qu’au bas de la pente qu’il s’arrêta pour vérifier. Ses deux compagnons avaient déjà franchi l’étroite brèche au sommet, Fairbank lui tendit la main pour l’aider ; sur son visage se mêlaient honte et terreur.

C’est insensé, se disait Culver. Ce ne sont que des êtres humains, des gens de notre espèce, blessés ou ravagés par les radiations ; ce ne sont pas des lépreux, ils ne sont pas dangereux. Alors pourquoi lui, Fairbank et McEwen avaient-ils si peur ? Il se tourna ; la réponse était là. Les silhouettes traînantes étaient l’incarnation de la détresse humaine la plus profonde, le résultat concret de cet holocauste, attendu depuis si longtemps, redouté et redoutable. Le cauchemar réalisé.

Et qui pouvait affronter son propre cauchemar ?

Culver sauta sur la pente, Fairbank lui saisit la main pour le hisser. Il franchit le seuil, enveloppé dans une pluie tiède et une lumière grise, tandis qu’il dégringolait de l’autre côté ; il ne s’arrêta que lorsqu’il eut atteint le fond, et même alors, il roula et s’accroupit face au magasin comme s’il s’attendait que son rêve le suive. Seul Fairbank glissa pour le rejoindre. McEwen se tint quelques mètres plus loin, prêt à courir.

— Je suppose qu’il y en avait trop, n’est-ce pas ? dit Fairbank, lui donnant une tape sur l’épaule.

— Ouais, beaucoup trop, fit Culver en frissonnant. (Puis il se redressa.) Il faut retourner vers eux. Le docteur Reynolds peut leur donner des drogues, des médicaments ou je ne sais quoi qui puisse les soulager.

— Bien sûr, dit Fairbank.

— Il y en aura peut-être un ou deux qui se remettront.

Fairbank essuya la pluie sur son front et son nez. Il cracha dans la saleté boueuse à ses pieds.

— On ferait mieux de retourner à l’abri.

Il s’éloigna, laissant Culver, le regard fixé sur les rares lettres encore visibles indiquant le nom du magasin, et l’étroite brèche en contrebas. Le mausolée s’appelait Wort.

Culver rattrapa les autres au moment où ils se frayaient un passage entre un bus, dont les vitres avaient volé en éclats et dont la peinture rouge à l’avant s’écaillait et cloquait, et un fourgon bleu ciel dont le bas des panneaux latéraux commençait déjà à rouiller. Il tenta de détourner le regard du cadavre du chauffeur d’autobus en putréfaction, le corps rejeté en arrière, les mains encore sur le volant, comme s’il avait insisté pour emmener ses passagers aux portes même de l’éternité. Culver essayait de ne pas regarder : impossible. Des tessons de verre parsemaient le corps d’éclats, tels des diamants sur une paroi de roche souterraine ; le segment le plus grand divisait son visage en deux. Culver eut un haut-le-cœur et se força à se concentrer sur les deux hommes qui le précédaient. McEwen marchait d’un pas mal assuré ; le dos voûté, ruisselant de pluie, Culver se soutenait aux capots et aux toits des voitures, le compteur Geiger battant contre sa hanche. Fairbank, qui s’était retourné pour voir si Culver suivait, était livide, des rides profondes creusaient ses pommettes jusqu’aux mâchoires ; lui qui habituellement était si robuste, paraissait mince, presque décharné. Il ouvrit la bouche pour parler mais un craquement les fit tous se tourner vers l’ouest.

A moins de six cents mètres de là, les restes d’un immeuble, en partie démoli, s’effondraient complètement, les étages s’écroulant les uns sur les autres comme un château de cartes. Des nuages de poussière se soulevaient dans l’air, la pluie les rabattant lentement vers le sol. Le bâtiment, amoncellement de béton et de ruines, ne déparait pas dans le paysage. Tout pouvait en être la cause  – une explosion de gaz, la rupture des dernières poutres de métal, l’effondrement de sa propre charpente de béton. L’immeuble acceptait enfin l’inévitable ; cela sonnait comme un glas.

Ils éprouvaient l’envie irrésistible de retourner le plus vite possible à leur sanctuaire car, plus que jamais, il représentait une forme de survie. Que leur restait-il, sinon l’espoir.

Contournant cinq voitures qui étaient entrées en collision et ressemblaient à une sculpture d’acier, ils franchirent un autre tas de décombres et furent soulagés d’apercevoir, à nouveau, le panneau du métro de Chancery Lane, auquel il manquait un fragment de son symbole bleu et rouge.

— C’est pas grand-chose, mais c’est chez nous, dit Fairbank faiblement, s’efforçant de chasser sa propre tristesse.

— Vous voyez Bryce ? demanda Culver qui scrutait les voitures en contrebas.

De la pluie, qui rebondissait sur les toits, s’échappait un halo brumeux.

— Il ne peut pas être loin, dit Fairbank en secouant la tête. Il avait l’air vanné quand nous l’avons quitté.

Culver remarqua que McEwen tremblait ostensiblement.

— Vous allez tenir le coup ? demanda-t-il.

— Je veux simplement partir d’ici, c’est tout. On dirait... on dirait un cimetière géant.

— Dommage que certains morts ne veuillent s’y allonger, ajouta Fairbank avec un humour noir que personne n’apprécia.

Culver ne tint pas compte de cette remarque. Ils avaient tous des réactions différentes ; Fairbank avait besoin de faire des plaisanteries, même d’un goût douteux.

— Le voilà, dit Fairbank en le désignant, puis il fronça les sourcils. Je crois, du moins, que c’est Bryce.

Ils descendirent prudemment, pour ne pas risquer de chuter sur la pente instable.

— Là-bas, dit l’ingénieur, les guidant à travers l’enchevêtrement de voitures.

Culver repéra l’officier de la Protection civile sur la plate-forme d’un autobus à impériale vide. Il avait les pieds sur la route, le corps courbé en avant, oublieux de la pluie qui le martelait. Il donnait l’impression d’avoir des crampes d’estomac, mais lorsqu’ils s’approchèrent, ils s’aperçurent qu’il s’accrochait à quelque chose.

McEwen distingua une forme familière qui s’abritait dans l’encadrement de la porte, non loin de l’entrée du métro. Pour la première fois, ce jour-là, il esquissa un sourire. Il ne restait pas grand-chose du bâtiment car l’explosion avait soufflé le toit et l’étage supérieur mais, bien qu’endommagés, les magasins au-dessous étaient intacts et là, sur le seuil, se tenait un chien qui s’acharnait sur un morceau de viande. L’animal  – visiblement un berger allemand  – paraissait abandonné et faible, son pelage crotté disparaissait sous la saleté, ses côtes saillaient, de la bave sortait de sa gueule. McEwen eut pitié du pauvre animal ébouriffé. Après avoir été le témoin de tant de détresse humaine, l’épreuve du chien l’émut profondément, car, contrairement à ses maîtres, cette bête était innocente, sans prise sur son destin, nullement responsable de la folie destructrice de ce monde malade qu’elle habitait. McEwen se faufila entre deux voitures et se dirigea vers l’animal.

Le chien, la tête penchée, était trop préoccupé par le morceau de viande crue, à ses pieds, pour remarquer l’homme qui approchait.

Pauvre diable, songea l’officier du ROC. A moitié mort de faim et probablement encore sous le choc des événements.

Il le vit engloutir des restes, semblables à des saucisses, qu’il avait entre les pattes avant. Le morceau était rouge, ensanglanté ; McEwen se demandait où il avait bien pu se procurer une viande si fraîche.

— Bon chien, dit-il, s’approchant avec prudence pour ne pas effrayer l’animal. Bon chien, répéta-t-il d’un ton apaisant.

Le chien leva la tête.

L'empire des rats
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